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Une manière bienveillante d’enseigner l’écriture

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Une manière bienveillante d’enseigner l’écriture

Souvent, quand on pense à nos souvenirs de comment nous avons appris à écrire étant très jeunes, les images qui remontent sont celles où nous sommes assis à un pupitre avec des feuilles, peinant à tracer, et où tout est barbouillé de rouge, les erreurs encerclées par la professeure parce que les lettres ne sont pas bien formées ou que ce n'est pas assez beau. Pour beaucoup de gens, ce n'est pas un souvenir particulièrement agréable ou transcendant, c'est souvent associé à bien des maux de tête.

Alors, comment enseigner l'écriture de manière bienveillante pour que l'enfant soit fier de lui, qu'il soit content et qu'il apprenne le plus rapidement possible? Il faut comprendre que le mécanisme cérébral implique un élément hyper important pour mémoriser 10 fois plus vite quelque chose : l'émotion.

Si je vous demande où vous étiez lors des attentats du 11 septembre ou lors de n'importe quel événement vraiment émouvant dans votre vie, vous pourrez probablement dire précisément où vous étiez, avec qui, dans quel contexte et lieu. Certains se souviennent même de comment ils étaient habillés. Pourquoi se souviennent-ils aussi clairement de ces événements hyper émotionnels ? Parce que l'émotion imprime dans le cerveau une trace très profonde.

L'émotion permet d'accélérer l'apprentissage. La problématique est qu'il y a un effet pervers à ce niveau. Si l'enfant apprend à écrire et que nous soulignons en rouge ce qui a manqué, cela peut le marquer émotionnellement, faisant monter une émotion importante en lui. La conséquence est que ce qu'on veut imprimer dans son cerveau est ce qu'on a entouré en rouge. Il apprendra alors la lettre mal tracée ou le mot mal orthographié. On utilise donc l'émotion de manière négative, contreproductive.

Ce que nous voulons créer émotionnellement pour améliorer la mémorisation, ce sont les bons coups de l'enfant, et la méthode que je vais vous montrer est phénoménale pour cela.

Dans un premier temps, cette méthode-là, ce qu'il faut retenir, c'est que quoi qu'il arrive, quand l'enfant fait une erreur, il ne faut surtout pas mettre l'accent sur l'erreur et ne pas la souligner en rouge. Les études scientifiques ont prouvé que la couleur rouge est une couleur d'alerte pour l'être humain. Pour l'homme préhistorique, le rouge était associé au sang. Exposer quelqu'un au rouge provoque généralement une réaction de stress : augmentation des battements cardiaques, de la respiration, crispation musculaire.

Donc, quand nous corrigeons un texte et que nous voulons aider l'enfant, nous évitons le crayon rouge. Utilisons d'autres couleurs, notamment celle que l'enfant aime le plus. Et vous verrez que beaucoup d'enfants changent de couleur favorite souvent. Alors, demandez-lui quelle couleur il veut que vous utilisiez à chaque fois pour ne pas vous tromper.

Pour cette méthode, nous utilisons des gabarits que j'ai montrés plus tôt. Le premier gabarit est facile à imprimer. Il se compose de trois lignes, d'un endroit pour marquer le nom et la date, et finalement d'un dessin, car la plupart des enfants aiment bien dessiner. L'idée est de demander à l'enfant un mot qu'il a envie d'apprendre à écrire. Quand l'enfant commence, nous privilégions des mots petits. Si c'est trop long, nous lui demandons un autre mot plus simple. Initialement, nous utilisons la même progression qu'avec les symboles : nous commençons souvent avec des majuscules pour aller tranquillement vers des lettres minuscules.

Nous écrivons une première fois le mot que l'enfant a prononcé de manière claire et lisible, et l'enfant devra réécrire ce mot deux fois. Nous utilisons l'émotion pour la mémorisation des bons coups. Une fois que l'enfant aura appris comment utiliser cette feuille et que sa calligraphie s'améliore, nous passerons à d'autres feuilles avec des lignes un peu plus étroites et des points pour faire monter les lettres plus hautes comme le "b" et descendre les lettres comme le "p" jusqu'aux petits pointillés en bas. Graduellement, nous réduirons l'écart entre les lettres pour se rapprocher de ce qu'on utilise à l'école.

Mon petit garçon Tao a cinq ans. Il lit déjà de façon fluide et est capable de lire des textes relativement complexes. L'écriture représentait pour lui un défi plus important que la lecture. À trois ans, il disait qu'il n'aimait pas dessiner et n'était pas très doué. Mais il s'améliore tranquillement. Voici comment nous avons travaillé avec lui.

Ici, nous avons utilisé des lettres minuscules. Le mot qu'il voulait écrire était "mouton". C'est lui qui l'a suggéré. Il a écrit son nom, mélangeant encore majuscules et minuscules, mais c'est en cours de travail. Il a écrit la date. Nous ne serons pas rigides sur le nom et la date tant qu'ils sont écrits correctement. Ensuite, il a réécrit le mot "mouton" deux fois.

La clé est de demander à l'enfant de choisir la couleur de son choix et d'entourer la plus belle lettre. Par exemple, il choisit le "m" qu'il préfère et le cercle. Ce processus est très motivant car il doit trouver son bon coup. Ensuite, nous nous asseyons avec l'enfant et le questionnons sur son choix. Si vous n'êtes pas d'accord, vous pouvez lui dire vos raisons sans reproche, juste en discutant.

Nous travaillons ainsi la capacité de visualisation et d'analyse de l'enfant, tout en maintenant une émotion positive. L'enfant est fier de ses réussites, ce qui augmente la mémorisation. Tao a également fait un dessin. Il utilise un stylo effaçable, ce qui permet de corriger facilement.

Nous avons continué les travaux pendant la pandémie de COVID-19 en vidéoconférence avec son éducatrice et ses amis. Ils devaient trouver un mot dans un livre et le reproduire. Tous les enfants ont réussi à faire les mots en entier, chacun de leur côté, puis ils ont pu montrer leur travail et en étaient très fiers.

Cette méthode encourage l'enfant, renforce sa confiance et sa fierté. Parfois, nous augmentons la difficulté en lui faisant écrire des phrases comme "Mon enfant que j'aime". Nous voyons une progression spectaculaire dans la qualité de la calligraphie. Tao choisit de mieux en mieux ses plus belles lettres. Il fait cela en cinq à quinze minutes par jour, ce qui est un bon temps pour un enfant de cinq ans.

Il est important de suivre le rythme de l'enfant, de faire des exercices d'écriture de manière très régulière. Mieux vaut faire cinq minutes par jour tous les jours que de forcer 30 minutes d'un coup. Suivez le rythme de l'enfant, faites-le de façon régulière, et avec cette méthode, cela se fait facilement. La mémorisation des lettres est plus rapide et l'enfant progresse en étant fier de lui.

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