Quand on veut amener un enfant à entrer dans l'écriture, il faut varier les médias, les outils qu'il va utiliser pour apprendre à écrire. Évidemment, le premier outil avec lequel partir quand l'enfant a deux ans, ce n'est pas le petit crayon à mine. Il y a bien des étapes avant cela.

Je vais vous donner une progression proposée de divers outils que vous pouvez utiliser graduellement. Cela ne veut pas dire que si vous n'avez pas fait, par exemple, amener l'enfant à tracer avec de la peinture à doigts, vous ne pourrez pas utiliser un pinceau ou un crayon de bois par la suite. Évidemment, on va le laisser jouer, expérimenter, mais dès qu'on va commencer à l'amener dans des exercices d'écriture proprement dits, c'est-à-dire qu'on va lui donner des gabarits de choses à reproduire, ces gabarits vont avoir une progression très précise que je vais vous indiquer dans une prochaine capsule.

Mais initialement, quand on veut lui faire reproduire, par exemple, un cercle, une croix, n'importe quelle forme avant d'arriver aux lettres, il y a une progression proposée qui est optimale. Laissez l'enfant jouer là-dedans tout en ne lui interdisant pas d'utiliser d'autres médiums évidemment. Alors, les premiers outils d'écriture qu'on peut utiliser, et là je parle d'écriture, vous allez voir que les symboles de pré-graphie qu'on va utiliser, c'est plutôt des cercles, des traits horizontaux, des traits verticaux, des trucs très, très simples qu'on va lui demander de reproduire parce qu'il faut qu'il apprenne à mémoriser un symbole ou à tracer avec un gabarit à côté.

C'est vraiment la première étape. Dès qu'on va entrer dans ce type d'exercice proprement dit, la première étape, quand l'enfant est très jeune, il faut adapter la taille des outils à ce que l'enfant peut gérer. S'il met des trucs dans sa bouche, on ne lui donnera pas des petits objets durs qu'il peut avaler. Ce n'est vraiment pas idéal. Alors là, c'est vraiment le bon jugement du parent qui est important, mais pour vous donner des idées, pour vous suggérer quelques outils, la laine est vraiment un outil formidable pour apprendre à reproduire une forme, un dessin ou une lettre. Pour l'enfant, ce n'est pas menaçant parce que ce n'est pas permanent. Même si ce n'est pas parfait, ce n'est pas grave. Sans jugement, il est en train d'essayer de travailler avec un bout de laine, il n'y a pas de problème.

Ensuite, on va pouvoir travailler avec des petits objets comme des perles, des baies, des petites passes, plus ou moins grosses, dépendamment de l'âge de l'enfant. Encore une fois, on peut lui tracer un gabarit sur une grande feuille qu'il doit tenter de remplir avec les perles. Ou on lui donne une image, par exemple, d'un cercle, et il doit tenter de faire un cercle avec les perles en question. Ensuite, l'argile, la pâte à modeler, c'est fabuleux. Apprendre à faire des traits verticaux, des traits horizontaux, à faire des cercles, pour aller tranquillement vers la reproduction de gabarits de lettres.

Généralement, on va offrir à l'enfant un gabarit, c'est-à-dire la trace de la lettre ou du symbole ou du dessin qu'on veut qu'il trace. On va lui faire mettre ces objets-là sur cette trace-là, sur l'empreinte qui est sur la feuille. Ensuite, on va lui donner le gabarit et lui dire : "Regarde-le et maintenant, j'aimerais que tu fasses la même forme à côté." Nous sommes déjà à un niveau intellectuellement un peu plus élevé. Puis, par la suite, il va devoir se souvenir de la forme, un cercle par exemple, et la reproduire de mémoire. Tant qu'il n'est pas capable de faire cela, il est inutile de l'exposer aux lettres. On peut bien faire des comptines, des chansons avec les lettres, mais il n'est pas prêt tant qu'il n'est pas capable de mémoriser une forme extrêmement simple avant de le faire avec des lettres.

Alors l'argile et la pâte à modeler, les petits post-it merveilleux. Cela fait travailler la pince. Il faut que l'enfant retire une feuille une par une, et il peut devoir, par exemple, reproduire un cercle en post-it, ce qui peut être bien intéressant. Le ruban à masquer, alors les rubans qu'on utilise pour protéger les murs quand on peint, c'est vraiment extraordinaire. On peut faire des formes et des lettres géantes sur le sol. On peut faire marcher l'enfant dessus. Il y a plein de choses qu'on peut faire avec cela. Les petits bâtonnets, que ce soit des bâtonnets de bois, des petites branches ou des bâtonnets de glace, encore une fois, il doit reproduire diverses formes.

C'est la première étape. C'est avec des objets du quotidien, avec toutes sortes de choses qu'il va manipuler tout doucement en apprenant tranquillement. Ensuite, nous passons à quelque chose d'un peu plus formel, d'un peu plus proche de l'écriture en tant que telle, qui est la peinture à doigts ou à pied, parce que pour les enfants, danser sur une feuille, c'est très intéressant. On peut lui demander de former des cercles, par exemple, avec ses pieds. Éventuellement, c'est beaucoup plus ludique pour apprendre les lettres de lui demander de tracer un grand A par terre avec ses orteils pleins de peinture rouge, préférablement l'été, quand il fait beau, que les enfants puissent être dehors, évidemment. Mais c'est quelque chose d'hyper ludique.

Je répète le processus : il est important de démarrer en travaillant sur une surface. Par exemple, j'ai mis du ruban gommé à terre et l'enfant doit marcher le long du gabarit ou déposer quelque chose sur un gabarit plus petit sur une table, et il doit mettre la pâte à modeler pour suivre la forme qu'on lui a demandé de faire, puis ensuite suivre la forme avec des perles. Après cela, on passe à imiter la forme qui est à côté pour finalement mémoriser la forme. Ces étapes sont toujours importantes.

Une fois que nous avons fait dessiner l'enfant avec la peinture à doigts ou à pied, c'est très amusant et très ludique. Ensuite, nous passons à quelque chose d'un peu plus sérieux, comme la crème à raser ou n'importe quel matériel qui n'est pas trop salissant et qui a une texture intéressante. Il va carrément tracer avec la crème à raser. Cela s'utilise très bien sur une fenêtre et cela s'efface bien, car quand l'enfant efface, il est encore en train de travailler sa musculature, ce qui est vraiment extraordinaire pour lui.

Ensuite, nous passons aux choses sérieuses en utilisant des grosses craies, peut-être sur l'asphalte, encore une fois, où l'enfant va pouvoir jouer et expérimenter. Il y a aussi des gros crayons de cire qui s'empoignent facilement, car au départ, l'enfant va carrément prendre dans sa main pour tranquillement arriver à tenir comme un crayon. Alors nous passons des grosses craies aux plus petites craies, puis aux crayons de cire. Le summum pour l'enfant, ce sont les super crayons-feutres. Évidemment, on peut lui mettre des crayons-feutres dans les mains bien avant cela, mais quand on a fait cette progression-là, exactement dans le bon ordre, quand on arrive au stade du pinceau, qui peut être avant le crayon-feutre ou du crayon-feutre, on va enseigner à l'enfant à bien positionner l'outil dans ses mains.

Nous vous donnerons une fiche qui permet de voir les quatre façons de tenir un crayon recommandées par les ergothérapeutes, qui sont adaptées pour écrire. Vous verrez qu'il y en a des très surprenantes, mais si l'enfant tient le crayon de cette manière, cela va parfaitement. Alors, je vous invite à télécharger cela et il faut vraiment enseigner à l'enfant à tenir le pinceau ou le crayon-feutre de façon appropriée avant de passer à des outils encore plus sophistiqués. Il est important de prendre le temps de replacer sa main, de replacer le crayon constamment les premières fois pour qu'il prenne immédiatement de bonnes habitudes.

Au début, nous serons très rigides sur ce point parce que très rapidement, en quelques jours, cela va venir de soi. S'il y a de la difficulté, il y a des outils disponibles en magasin pour aider l'enfant à bien tenir un crayon. Ce que j'aime beaucoup, c'est de tracer deux yeux, un nez et une bouche sur l'angle du pouce de l'enfant. Quand on fait cela, on lui dit : "Regarde, il faut toujours que tu voies le petit bonhomme que j'ai tracé sur ton doigt quand tu écris." On peut aussi mettre un point, par exemple, sur le dessus du doigt et lui dire : "Le point, il faut toujours que tu l'alignes avec le ciel." Cela fournit sur sa main à lui des repères visuels. Tant qu'à mettre un petit point sur son doigt, mettez-lui un petit cœur. C'est encore plus mignon et sympathique, mais l'enfant va avoir besoin d'un repère visuel sur son propre corps pour comprendre. Le mouvement est complexe et on peut lui donner le crayon juste pour qu'il tienne sans lui faire écrire, juste pour qu'il apprenne la bonne posture.

À ce moment précis, quand nous transférons de la craie, qu'il prend comme cela, ou du crayon de cire, qu'il prend comme cela, vers des crayons-feutres, des pinceaux ou des crayons de bois, il y a une étape où nous prenons un pas de recul et nous entraînons l'enfant simplement à apprendre à tenir correctement son outil. Il ne faut pas non plus être trop insistant. C'est pour cela que c'est intéressant, pendant 20 à 30 secondes, plusieurs fois par jour, de lui faire prendre correctement. Quand nous voyons que la prise est correcte, cela sera beaucoup plus facile. Nous ne lui donnons pas deux responsabilités à la fois, tenir son crayon et apprendre à écrire. Nous pouvons séparer les deux pour vraiment favoriser l'apprentissage de l'enfant.

C'est vraiment le point de bascule de l'écriture : apprendre à tenir adéquatement un outil d'écriture proprement dit. Une fois que c'est fait, nous pouvons jouer avec plusieurs médiums. Par exemple, nous pouvons jouer avec des coton-tiges, c'est juste plus amusant. Nous faisons prendre de la peinture avec le coton-tige, puis nous faisons dessiner et tracer à l'enfant. S'il y a des difficultés, s'il y a un désir d'être trop perfectionniste, nous pouvons aussi utiliser des matières permanentes, comme une fine couche dans une tôle à biscuits, une fine couche de sable, de terre ou de farine, et demander à l'enfant de tracer. C'est une très bonne alternative à la peinture à doigts. Si l'enfant n'est pas content, il n'a qu'à effacer et cela disparaît comme si cela n'avait jamais existé. Pour les enfants perfectionnistes, ce sont vraiment des outils de choix.

Une fois que cela a été fait, nous allons raffiner. Nous allons prendre des crayons-feutres plus petits, des crayons de bois de couleur ou des crayons à mine traditionnels pour passer finalement au stylo à bille, au crayon à mine et ultimement à la plume fontaine où l'on peut faire des gros pâtés d'encre. C'est vraiment l'outil ultime de contrôle pour voir si l'enfant est capable d'écrire, et en plus, cela ne s'efface pas. Il y a certains enfants qui adorent cela. L'idée est d'aller avec des outils que l'enfant aime et apprécie, mais de ne pas sauter d'étapes sur le chemin de l'utilisation de ces différents outils d'écriture. Passer d'un outil à l'autre fera aussi en sorte que l'enfant demeurera stimulé.

C'est incroyable comment passer d'un crayon à mine à un pastel gras ou un pastel sec va faire en sorte que soudainement, tout est nouveau. Même lui faire dessiner avec des crayons aquarelle, des crayons de bois, puis après cela, avec un pinceau et de l'eau, cela s'étend, c'est magique, c'est totalement différent. Variez les formes, variez les textures et travaillez autant avec de la peinture acrylique que de la peinture aquarelle, avec ce que vous avez à disposition autour de vous. C'est vraiment cela, votre base, et tentez d'expérimenter. Nous pouvons tracer sur une vitre avec un peu de chocolat, c'est délicieux.

Peu importe ce que vous utilisez, ce que vous avez à disposition, c'est parfait. L'important, c'est de respecter cette progression pour que l'enfant s'amuse et soit toujours en situation où il est content, heureux, avec victoire après victoire, et qu'il apprenne peu à peu à tenir correctement le crayon. Quand nous arriverons aux exercices d'écriture proprement dits, cela se fera comme par magie.