Depuis le début de cette petite formation, je vous parle de motricité globale, mais il y a un autre élément évidemment hyper important dans l'apprentissage de l'écriture, c'est la motricité fine. Cela signifie faire travailler les doigts pour préparer la musculature des mains et la dissociation des doigts afin qu'ils soient en mesure de prendre un objet et de pouvoir écrire de façon efficace et souple, sans que cela fasse mal à la main.
Pour cela, il y a plein d'exercices possibles que vous allez pouvoir trouver sur notre site web. Par exemple, le fait d'enfiler des perles ou des macaronis sur un fil est très efficace pour préparer la précision du mouvement et faire le mouvement de pince, par exemple avec des pinces à linge.
Il y a plein de jeux qu'on peut faire avec des pinces à linge en y collant des petits cartons, en associant la bonne couleur avec un objet de couleur. Le fait de faire pincer l'enfant est un geste préliminaire qui renforce les muscles de la main et prépare la dextérité fine pour le geste de l'écriture. Le fait de simplement déplacer des petits objets d'un point A à un point B, tout en inhibant le mouvement, fait travailler les petits muscles.
Il y a énormément d'éléments à faire développer dans les mains. C'est pourquoi il est si important de varier les manières d'écrire et de faire des jeux différents. Chaque méthode de travail fait travailler différents éléments : si je travaille avec un spaghetti mou pour former des lettres, ce n'est pas du tout la même chose que de transférer des objets avec une pince ou de prendre de la salade avec une pince pour la mettre dans un autre bol.
L'important est de varier et de faire faire toutes sortes d'activités à l'enfant. La pâte à modeler et l'argile sont extraordinaires pour faire travailler la dextérité et la musculature des mains. Variez les activités et prenez conscience de l'importance de préparer la main au geste d'écriture. Ce n'est pas quelque chose qui se fait en quelques heures ou quelques minutes. C'est vraiment quelque chose qui peut se faire cinq à dix minutes par jour de façon répétée pendant des semaines et des mois.
Lorsqu'on a bien travaillé le tonus musculaire, l'étape suivante c'est la stabilisation. Le tonus musculaire a déjà augmenté la stabilisation des articulations, par exemple des poignets et des épaules qui sont les deux articulations les plus importantes au niveau de l'apprentissage de l'écriture.
Mais pour aller encore plus loin dans la stabilisation, on peut faire faire à l'enfant des petits jeux super amusants. Par exemple, on peut lui déposer des boules sur les mains et il doit garder les mains devant lui, par exemple pendant 10 secondes, sans bouger, et graduellement on va augmenter le temps de l'exercice.
Alors les bras peuvent être sur le côté, ils peuvent être en l'air, mais juste de maintenir les bras en l'air sans bouger paraît bien insignifiant. Mais pour un enfant de trois ou quatre ans, vous allez voir que ça ne dure pas longtemps initialement, il fatigue très très vite. Alors ce sont des jeux hyper importants.
Un autre jeu qu'on peut faire pour stabiliser, c'est de partir la musique, puis d'arrêter la musique, puis dire à l'enfant : "Danse comme un fou et quand la musique s'arrête, tu arrêtes de bouger." Alors on va prolonger le temps où l'enfant doit être complètement immobile dans la position qu'il a adoptée. On va augmenter graduellement le temps d'attente.
C'est aussi excellent pour développer sa capacité d'inhibition et sa capacité de concentration. Alors l'important, c'est de pratiquer encore et encore, mais faire sentir à l'enfant que dans le fond, tout ça, c'est juste un jeu.
Il y a énormément de parents qui ignorent que prendre un enfant de deux ou trois ans et l'asseoir sur une chaise pendant plus de cinq à dix minutes n'est pas approprié parce que la musculature de l'enfant n'est pas prête à maintenir une position artificielle, soit assise sur une chaise de façon statique pendant une longue période de temps. Et une longue période de temps pour un jeune enfant, c'est cinq à dix minutes. Alors c'est très court en fait. Avant d'arriver à ce stade-là, c'est très, très, très important de s'assurer que le corps de l'enfant est prêt. Et pour ce faire, il faut absolument faire travailler son tonus musculaire mine de rien. Pour apprendre à écrire, il faut s'assurer que la musculature du dos et du cou de l'enfant soit bien forte. Pour cela, juste le faire courir, bouger, ramasser des choses un peu lourdes par terre va énormément aider à renforcer ces muscles.
Ensuite, il faut aussi que les abdominaux soient assez forts pour maintenir une bonne position assise. Pour rigoler, c'est toujours amusant de faire des exercices avec les enfants. On peut les amener à faire des redressements assis, et c'est d'une efficacité absolue. Évidemment, il va peut-être réussir à monter une fois ou presque pas, et on va lui donner un coup de main, mais peu à peu, ses abdominaux vont se développer. D'autres muscles excessivement importants à développer sont toute la musculature de l'épaule et des bras. Il y a un exercice absolument phénoménal pour réussir à développer ces muscles : porter, par exemple, des sacs d'épicerie. Évidemment, si l'enfant a trois ans, il ne faut pas lui faire porter des sacs qui pèsent 10 ou 15 kilos, c'est clair. Mais il faut commencer par des trucs très légers. Et vous allez voir qu'après une minute, il va dire : "C'est trop lourd, c'est trop lourd."
L'idée, c'est que ça prend du temps à développer cette musculature. Alors il faut que quotidiennement, l'enfant travaille ces muscles pour que de façon graduelle, on amène la musculature à être prête à pouvoir tenir un crayon et écrire plus que quelques secondes. Alors c'est quelque chose qui va se faire sur une longue période de temps. Et c'est très important de faire de petits exercices quotidiennement pour faire en sorte que l'enfant puisse développer tous les muscles dont il a besoin pour pouvoir apprendre à écrire.
Pour se préparer à l'écriture, il y a énormément de gens qui pensent qu'il faut travailler les petits muscles des mains. C'est absolument le cas et c'est totalement vrai. Mais cette étape-là arrive très loin dans le processus parce que, bien avant de commencer à préparer les mains, c'est le corps en entier qu'il faut préparer.
Pour l'écriture, il y a plein de choses à faire parce que si l'attention de l'enfant doit être mobilisée pour s'assurer qu'il est capable de s'asseoir droit, qu'il est capable de tenir le bras sans que ça fasse mal et sans que ça cause des crampes, l'esprit n'est pas capable de faire le geste de l'écriture parce qu'il est mobilisé ailleurs.
Alors on a l'impression que quand on écrit, tout se fait tout seul, mais il y a eu des étapes préalables avant d'arriver à ça et il faut préparer l'enfant et le guider d'étapes en étapes pour qu'il parvienne à pouvoir écrire facilement et simplement sans que son [00:01:00] esprit, son cerveau doivent être mobilisés pour contrôler chaque petite partie.
D'où l'importance de faire des exercices pour travailler la motricité globale.
Un autre élément très important à préparer chez l'enfant, c'est tout ce qui est coordination œil-main. Lancer une balle sur un objet donné à distance est extraordinaire pour coordonner le geste du bras et ce que l'œil va enregistrer comme mouvement. Il y a aussi de la coordination œil-main quand on prend, par exemple, un petit flacon de fines herbes ou d'épices, puis qu'on essaie d'entrer dans les petits trous un cure-pipe. C'est un excellent exercice de coordination œil-main ou, par exemple, des petits pompons dans un trou étroit. Enfiler des perles est aussi une très bonne façon de développer cette coordination, car lorsque l'enfant travaille, il faut absolument que ses yeux soient en mesure de suivre le trait du crayon pour la lecture, ce qui va devenir fondamental comme acquis.
Alors, jouez avec lui, lancez-lui des objets, faites-lui attraper, et ce faisant, sans même vous en rendre compte, vous allez l'aider à développer cette coordination. Le fait d'encastrer des objets dans d'autres est quelque chose que les enfants adorent. Ils peuvent faire cela pendant un temps fou, puis répéter le même exercice, d'entrer des pompons dans un petit trou, et ils adorent ça. Faites-leur faire cela dès le plus jeune âge. Dès l'âge de deux ans, on peut faire entrer des pompons dans un trou sans aucune difficulté. Pour certains enfants, cela peut même se faire plus tôt que ça. Alors, le plus tôt, le mieux, car plus ils vont pratiquer, plus ils vont devenir habiles et plus il sera facile de suivre un trait et de suivre la main avec les yeux.
Ce qui est très important quand on enseigne à un enfant à écrire, ou dans toutes les étapes préliminaires pour lui apprendre à écrire, c'est de comprendre que quoi qu'on lui fasse faire, c'est difficile pour lui. Imaginez au début, la première fois que vous vous êtes assis dans une voiture pour conduire, pris le volant dans les mains.
Pour beaucoup de gens, ce n'était pas évident les premières fois de penser à tout ce qu'il faut pour réussir à conduire une voiture. Ça a probablement pris plusieurs cours avant d'être à peu près confortable et à l'aise. Mais quand quelqu'un conduit une voiture depuis 10 ans, tout passe en mode automatique dans le cerveau, il y a besoin de beaucoup moins d'attention sur tous les détails parce que le corps a appris comment faire.
C'est le même principe pour les musiciens. Ils ont souvent l'impression, quand cela fait des années qu'ils jouent d'un instrument, que c'est leur doigt qui sait quoi faire. Le cerveau n'a même plus besoin de s'en occuper. Ils peuvent parler à quelqu'un ou regarder quelque chose, et ça sonne toujours bien.
Ils réussissent toujours à jouer leur morceau de façon impeccable parce que tout a été automatisé. Pour bien écrire avec une belle calligraphie, il faut créer cette automatisation, et ça prend du temps. Ça prend de la persévérance. C'est important de ne sauter aucune étape.
C'est un processus qui est très long. Il est très important de savoir que cela ne s'acquiert pas du jour au lendemain. Tant que ce n'est pas automatisé, il n'y a rien à faire. Tout ce qu'on peut faire, c'est pratiquer, pratiquer, pratiquer. Mais si on pratique toujours de la même manière, l'enfant, à un certain moment donné, va en avoir marre.
C'est pour cela qu'il faut varier les façons de pratiquer. Vous allez voir toutes les symboles de pré-graphie, les dessins, tout ce qu'on peut utiliser pour pratiquer. Évidemment, on ne commence pas avec un crayon. On va commencer en formant des symboles avec une corde, avec un spaghetti mou, à tracer dans du sable ou de la farine. Il y a mille et une façons d'apprendre à progresser de manière à ce que le mouvement, peu à peu, s'automatise en variant les stimulations.
Alors les jeux "Apprendre à écrire sans crayon" servent à cela : à vous inspirer, à vous offrir des centaines de façons différentes de faire des jeux d'écriture pour préparer l'enfant à cette automatisation sans qu'il s'en aperçoive. Parce que, de son point de vue, il fait toutes sortes d'activités différentes et passionnantes les unes après les autres, et il ne se rend pas compte qu'il écrit. C'est la stratégie la plus efficace qu'on a trouvée : amuser l'enfant sans qu'il se rende compte qu'il est en train d'apprendre à écrire.
L'enfant, pour pouvoir écrire, doit déjà avoir développé plusieurs compétences exécutives, c'est-à-dire la capacité à mémoriser, à se concentrer, à gérer ses émotions quand il est frustré. Mais une compétence qui est particulièrement cruciale, c'est le contrôle inhibiteur. On ne s'en rend pas compte, mais quand on écrit, si je fais un trait et que ma feuille est large comme ça, l'enfant, lui, n'a pas de processus mental pour dire qu'il faut arrêter le trait là où la feuille se termine. Et même si vous lui dites de faire ça, pour beaucoup d'enfants, interrompre le geste prend un délai de quelques secondes après avoir dépassé la feuille.
Si c'était un crayon feutre noir et qu'il était installé sur votre superbe table en bois, vous ne serez probablement pas enchanté de la trace qu'il aura laissée sur la table. Alors c'est important pour l'enfant de savoir commencer un geste et l'interrompre quand il le décide, et non pas avec un délai.
Pour arriver à faire cela, il faut préparer l'enfant à développer ce contrôle. Il y a toute une section sur le site web qui concerne le contrôle inhibiteur, mais très rapidement, des petits exercices que vous pouvez faire, c'est par exemple de dire justement, avec la fameuse musique de tantôt, je mets une pièce musicale et quand elle s'arrête, il faut arrêter sur le champ. C'est extraordinaire pour le contrôle inhibiteur. Tous les jeux de société sont aussi merveilleux. Dès que l'enfant doit attendre son tour, il est en train d'apprendre à développer un contrôle inhibiteur dans son cerveau. Quand il attend pour pouvoir vous parler et éviter de vous interrompre dans une conversation, c'est encore son contrôle inhibiteur qui est en train de travailler.
Il est très important de favoriser cela dans le quotidien. Au-delà de ça, il faut proposer à l'enfant des activités qui vont lui permettre de développer cela doucement, par exemple, de prendre un papier très texturé, comme du papier sablé ou une feutrine, et sans crayon, juste avec un doigt, d'enseigner à l'enfant à toucher d'un point à un autre. Mettez par exemple des petits points ou des petites marques sur la feutrine et dites-lui qu'il doit aller d'une marque à l'autre. C'est très simple. Pas besoin de tracer des lettres, mais l'enfant va apprendre à arrêter son doigt au point.
Le fait de lui enseigner aussi à colorier, à remplir des espaces sans dépasser les lignes est un exercice absolument phénoménal pour développer le contrôle inhibiteur. Mais avant de lui mettre un crayon à la main, il y a plusieurs étapes préalables. Si vous voulez commencer par le début avec un enfant très jeune, il vaut mieux y aller avec de la peinture à doigts et ensuite évoluer. Vous allez découvrir cela dans la section sur la progression des matériaux qu'on va utiliser pour apprendre à écrire. Mais une chose est certaine, c'est vraiment une compétence exécutive fondamentale qui est cruciale, car si elle a été mal développée, l'enfant va avoir énormément de difficultés à écrire.
Souvent, son écriture va vraiment être difficile parce qu'il va dépasser les lignes partout. On va s'arracher les cheveux, on va le chicaner, mais il n'y peut rien. Cela ne vaut pas la peine de le chicaner. Son cerveau n'est pas en mesure de le faire. Alors parfois, même quand l'enfant est plus avancé, si on voit qu'il y a vraiment des problèmes à respecter les lignes pour tracer ses traits, il est important de faire un ou deux pas en arrière et de ramener l'enfant à la base, c'est-à-dire à des petits exercices qui lui permettent de tracer et d'interrompre le mouvement de façon de plus en plus fine.
Cela peut aussi être pratiqué en transvasant des liquides, jusqu'à ce qu'on atteigne une petite ligne ou une petite barre. L'enfant apprend à commencer un geste et à l'interrompre au moment où c'est nécessaire. Alors allez-y gaiement, allez-y allègrement. Pratiquez l'inhibition de votre enfant. Il va en bénéficier toute sa vie.
Un élément qui est très important pour préparer à l'écriture, c'est la dissociation des membres. Cela signifie que je suis capable de faire travailler ma main d'une certaine manière sans que l'autre bouge en même temps. Par exemple, il y a des petits jeux de dissociation qui sont super amusants à faire.
Par exemple, vous pouvez inviter l'enfant à tenter de taper sur sa tête tout en frottant son ventre, puis d'inverser avec l'autre main. Ce petit jeu peut prendre pour certains enfants deux mois avant d'y arriver, mais c'est excellent pour faire travailler le cerveau pour qu'il apprenne à dissocier.
Un autre jeu super efficace pour apprendre à dissocier, c'est de tracer des lignes en symétrie dans l'espace. L'idéal, c'est de vous mettre face à face avec l'enfant et de dessiner, par exemple, une maison. Alors vous faites le triangle et le carré, et l'enfant doit imiter vos gestes en même temps que vous les tracez.
La plupart des enfants adorent ce jeu, c'est très rigolo. On joue au miroir et c'est très efficace pour leur apprendre à faire travailler les deux mains différemment. Une fois que c'est bien acquis, on peut complexifier la chose, puis lui dire de prendre un verre d'eau dans une main et de suivre ce que vous demandez avec l'autre main.
Ensuite, on fait changer de main le verre d'eau. L'enfant doit apprendre à exécuter une double tâche, de maintenir le verre d'eau bien stable tout en faisant autre chose avec l'autre main. Cette étape est cruciale dans l'apprentissage de l'écriture, mais elle est très souvent négligée.
Évidemment, il y a des enfants qui vont comprendre cela en quelques secondes. Tant mieux pour eux, c'est vraiment merveilleux. Mais pour certains enfants, c'est un processus long et beaucoup plus ardu. Il est fondamental, car parfois il y a des enfants qui éprouvent des difficultés à écrire, et la raison fondamentale est qu'on a loupé quelque chose le long du chemin. Souvent, ce qu'on a loupé, c'est la dissociation. Alors, ça vaut la peine de faire ce type de jeu et de s'assurer que l'enfant est capable de stabiliser une partie du corps tout en utilisant l'autre.