Les sons produits par la lettre J comme dans JEE et le son produit par CH comme dans SHH sont deux sons pas évidents à distinguer pour les enfants et surtout à prononcer efficacement et correctement. En fait, il y a beaucoup d'enfants qui ne parviendront pas à prononcer ces deux sons-là ou qui vont les mélanger jusqu'à l'âge de facilement cinq ans. Alors, c'est vraiment pas un apprentissage qui est évident.

Si on s'aperçoit que l'enfant justement confond ces deux sons ou se trompe ou a de la difficulté à les prononcer, la première étape c'est d'aller jouer devant un miroir à un jeu de grimaces et de sons. Évidemment, parmi plein de sons et grimaces que l'enfant connaît, on va lui intégrer le son J et le son SH pour lui faire remarquer comment ça se passe sur la bouche. Alors, l'important est d'exagérer la forme de la bouche puis de jaser avec l'enfant de où la langue est mise, comment les lèvres sont positionnées et tout ça.

Alors, il faut vraiment que ça soit fait de manière décontractée comme un jeu et d'enseigner à l'enfant réellement comment vous positionnez chaque élément, les lèvres, la langue, les dents, la mâchoire et tout ça. Alors, généralement, c'est un excellent premier pas pour aider l'enfant.

Après ça, on joue tout simplement jusqu'à ce que l'enfant soit en mesure de faire la distinction clairement.

Analytiques

Une manière de procéder, c'est carrément d'écrire des mots sur des fenêtres. Alors, vous pouvez par exemple sélectionner trois fenêtres de la maison et, avec un feutre effaçable, écrire une série de mots qui ont le même son.

Par exemple, sur la première fenêtre, vous pourriez écrire jardin, jouet, journal, jambe pour le son "j". Et évidemment, on écrit les mots assez gros, mais il faut qu'il reste de la place à côté pour pouvoir faire un petit dessin.

Sur la deuxième vitre, vous pouvez écrire des mots qui commencent par "ch", ou qui contiennent le son "ch", comme chien, chat, chemin, chou, peu importe. Vous voyez l'idée. Et sur la troisième vitre, la troisième fenêtre ou porte-pastille, peu importe, écrire des mots qui contiennent les deux sons. Ces mots-là, évidemment, sont un peu plus complexes, un peu plus difficiles à illustrer, mais ça va souvent faire un ancrage très fort à l'enfant, qui va faire en sorte qu'il va s'en souvenir.

Alors, c'est le cas de mots comme "jucher", une poule juchée sur sa clôture, par exemple, une jacinthe, une belle fleur, la jachère quand on laisse reposer un bout de terrain sans faire de culture pour que la terre puisse retrouver ses nutriments, ou même un adjudant-chef. Alors, les enfants, étonnamment, aiment ces mots-là plus compliqués, un peu plus étranges, ou par exemple "joncher", il y a plein de cochonneries qui jonchent le sol. Ce sont quand même des mots qui vont raffiner le vocabulaire de l'enfant.

Alors, sur chacune des vitres, vous avez les séries de mots écrits et vous allez, avec l'enfant ou le laisser faire s'il est assez vieux puis bon en dessin, dessiner quelque chose pour chacun de ces mots-là et les laisser carrément sur les fenêtres quelques jours, de manière à ce que les associations, le groupement de mots se fassent dans la tête de l'enfant.

Il y a certains enfants pour qui prononcer le mot correctement va être plus facile quand ils comprennent la logique ou qu'ils associent une série de mots à la prononciation.

Dynamiques

Le mime est un jeu qui se prête très bien à l'apprentissage de sons qui sont difficiles à distinguer ou à prononcer pour l'enfant. Alors, on va simplement dire à l'enfant : « J'ai un mot qui contient le son "ch". Je vais te le mimer et tu dois définir quel est ce mot. »

Alors, vous pouvez mimer un chien, l'enfant doit le trouver tout simplement. Vous pouvez réutiliser des mots que vous avez déjà travaillés au préalable, par exemple, en les écrivant dans une fenêtre, ce qui va faciliter la vie de l'enfant et qui va aussi consolider le nouveau vocabulaire dans sa tête.

Alors, le fait de mimer, c'est rigolo, c'est drôle et évidemment, s'il a deviné le mot, il va devoir le prononcer et le dire correctement. Alors, c'est un jeu qui est amusant, qui est sans prétention, qui est rapide, mais qui marche très bien.

Explorateurs

En autonomie, on peut proposer à l'enfant un enregistrement où on prononce en exagérant les différents sons qui sont plus difficiles à effectuer. On propose à l'enfant de se regarder les faire dans le miroir, de dessiner les lèvres quand il prononce ses divers sons, d'essayer de dessiner comment ça se passe à l'intérieur de sa bouche et de le faire pour le "ch" et le "j".

En jouant de cette manière-là, en le faisant seul, il a tout le temps dont il veut disposer. Il peut, sans être regardé, observé ou sans sentir de pression, répéter encore et encore, écouter, répéter par-dessus jusqu'à ce qu'il y arrive.

Pour certains enfants, c'est vraiment la méthode la plus efficace pour progresser parce qu'ils n'ont pas le regard de quelqu'un d'autre, donc la pression psychologique de bien faire du premier coup. Et quand ils vont y arriver, ils sont tellement fiers!

Relationnels

Une fois que vous avez travaillé les différents sons en les écrivant sur des vitres, comme je vous ai donné comme exemple dans le premier jeu, eh bien, vous pouvez vérifier et valider que l'enfant a bien compris et bien assimilé en lui faisant jouer au jeu « C'est ma veine ».

Alors cette fois-ci, il va devoir, sur des diagrammes de veines, répartir différentes images en fonction des sons qui lui sont associés. Par exemple, si j'ai « chat », il va aller dans la section CH, dans le rond CH. Si j'ai le mot, par exemple, « juju », il va aller avec l'ensemble qui contient le son « j ». Et évidemment, à l'intersection, je peux retrouver des mots comme « jacinthe ».

Quand vous jouez à ce jeu-là, c'est le temps d'insérer des nouveaux mots de vocabulaire qui sont associés à ces sons-là, des mots nouveaux pour l'enfant, mais reposant quand même sur des mots qu'il connaît déjà de manière à ce qu'il se sente en confiance et qu'il puisse être en situation de réussite.