Tu es dans ta couchette. Tu dors paisiblement. Soudain, tu sens qu’on te secoue l’épaule. Tu grognes, tu te retournes sur le côté, tu sens une autre secousse, plus forte. Tu sursautes ! Tu entends : « C’est ton quart, Capitaine. » Tu ouvres lentement les yeux. « OK ! J’arrive. » Tu regardes l’horloge : 23 h 40. Lentement, tu t’assois sur le bord de la couchette, tu te frottes la nuque, tu te lèves. Brrrr ! C’est frisquet ! Tu t’appuies sur la cloison près de toi, tu mets un vêtement chaud, tu sors de la cabine.
Tu avances avec précaution. Tu te tiens à tout ce qui est fixe. Le voilier bouge beaucoup, il monte et descend dans les vagues. Pour garder l’équilibre, tu étires la jambe, car il y a une forte gîte, c’est-à-dire que le voilier penche de côté. À tribord, sur son côté droit. Tu atteins l’espace cuisine, tu t’appuies contre le comptoir. Tu repères la cafetière, tu la soulèves et l’agites. Tu souris, elle est presque pleine. De l’autre main, tu prends une bouteille isotherme, elle garde les liquides chauds. Tu verses du café dans la bouteille. Tu fais très attention, le voilier bouge beaucoup. Tu remets la cafetière sur son support, tu regardes du côté de l’espace navigation : l’indicateur de vitesse du vent indique un vent de 20 nœuds, 37 km/h. Ouais, c’est un bon vent !
Tu prends une gorgée de café, tu regardes l’indicateur de direction du vent. La brise souffle maintenant du nord-ouest. Tu hoches la tête et prends une autre gorgée de café. Le changement de la direction du vent explique la baisse de température et la gîte à tribord. Tu enfiles un coupe-vent, tu mets un bonnet et des gants, tu empoignes la bouteille isotherme et tu ouvres le panneau de la cabine. Tu montes les trois marches du petit escalier. Tu sors à l’extérieur, tu es impressionné par le bruit du vent. Tu regardes la mer : de bonnes vagues entourent le voilier.
Tu fais quelques pas dans le cockpit, l’espace ouvert à l’arrière du voilier. Tu rejoins ton équipier. Il manœuvre la barre à roue, la roue avec laquelle on conduit le bateau. Tu lui demandes la vitesse du voilier. « On file à 7,6 nœuds. » « Wouah ouh ! 14 km/h. C’est super ! On va reprendre un peu d’avance sur notre horaire. » Tu prends la relève. Tu te places derrière la barre à roue, tu déposes la bouteille isotherme, tu mets un harnais de sécurité, tu l’attaches à un point d’ancrage sur le voilier. Tu saisis la barre à roue à deux mains, et tu écartes les jambes. De la tête, tu salues ton équipier.
Tu es maintenant seul avec la mer, tu l’observes attentivement. Tu regardes à gauche, côté bâbord, puis à droite, côté tribord. Rien à signaler. Tu regardes l’indicateur de profondeur. Waouh ! Il y a plus de 1000 mètres d’eau sous la coque. Soudain, tu sursautes. Un bruit sourd semble venir de l’avant. Tu tends l’oreille et ouvres grand les yeux. Tu angoisses ! Difficile de voir au loin dans la nuit. Le cœur palpite dans la poitrine. Des yeux, tu fais un tour d’horizon. Rien d’anormal.
Quelques minutes se passent. Tu regardes du côté bâbord, à gauche. Brusquement, le bruit se fait entendre de nouveau. Plus fort, côté tribord, à droite. Tu jettes un rapide coup d’œil à la profondeur : toujours la même lecture. Plus d’un kilomètre d’eau sous la coque, le bruit vient forcément d’ailleurs ! Tu tournes la tête vers tribord, à droite. Tu fais un pas de côté. Les battements cardiaques s’accélèrent. Tu plisses les yeux pour mieux voir. Enfin, tu aperçois un jet de vapeur. Tu devines une forme noire à la surface. Tu lâches un cri.
Oh ! Une baleine vient de souffler, tout près, à 30 mètres du voilier ! Tu démarres le moteur, la baleine va certainement entendre le bruit mécanique. Tu veux éviter une collision avec cette immense bête. Tu scrutes attentivement la mer. Tu entends et repères un autre souffle. Tu constates que la baleine s’est éloignée. Soulagé, tu t’assois. Ouf ! Tu saisis la bouteille isotherme, tu prends une gorgée de café. La main tremble légèrement ! Cette rencontre nocturne avec une baleine t’a donné une belle frousse !
Plus calme, tu lèves les yeux au ciel. Waouh ! Le firmament est extraordinaire ! Tu vois plusieurs constellations, ces figures dessinées par les étoiles. Tu repères la Grande Ourse, la constellation en forme de grande casserole. Avec un doigt, tu pointes la Grande Ourse. Tu déplaces le doigt le long de la poignée de la casserole, jusqu’à l’étoile Polaire, au bout de la poignée. L’étoile Polaire est toujours au-dessus du pôle Nord. Tu tournes la tête et regardes la Voie lactée, cette bande lumineuse formée de milliards d’étoiles qui est bien visible par une si belle nuit. La Voie lactée, les constellations, l’étoile Polaire, et la baleine au loin ! Waouh, tu es ému devant un tel spectacle ! Tu te sens tellement privilégié de vivre un pareil moment.