Vous êtes enfin arrivés à la carrière. Tu t’étires pour te détendre les muscles. Les voitures tout-terrain de tes amis arrivent aussi. Tu regardes autour de toi, c’est une immense carrière, profonde et cahoteuse, remplie de bosses et de creux. Tout autour, une forêt dense. Tu te frottes les mains, tu es content. C’est l’endroit idéal pour du hors-piste !
Tu sors ton téléphone portable de ta poche : pas de réseau. Tu souris : c’est vraiment un trou perdu ici ! Tu montes dans la remorque et tu descends ta moto tout-terrain. Tu la cales sur sa béquille, puis tu vas chercher tes affaires dans la voiture. Tu prends ton casque, tes gants, ton blouson renforcé et tes grosses bottes protectrices. Tu t’assois et retires tes chaussures. Jo, un ami, se moque alors de toi.
« Une vraie poule mouillée ! » dit-il en voyant tout ton matériel. Les autres rient de cette remarque. Tu hausses les épaules, la remarque ne te fait ni chaud ni froid, tu sais ce que tu as à faire ! Tu enfiles tes bottes renforcées tout en réfléchissant. Jo a toujours été charismatique, il séduit facilement les gens avec son humour. Tu souris et tu enfiles ton gros blouson protecteur.
Tu entends Jo faire une autre blague, les autres rient de plus belle. Tu te lèves et tu mets ton casque, tu enfiles tes gants renforcés et tu grimpes sur ta moto, que tu démarres enfin. Aaah ! Tu la sens vibrer sous toi. Tu accélères tout en gardant la main sur le frein, l’arrière de la moto dérape et produit un nuage de poussière. Puis, tu lâches le frein et t’élances sur la piste.
Tu roules vite, tu aimes ça, la pente est raide et cahoteuse. Une bosse t’oblige à redresser le guidon. Aussitôt, une autre bosse te pousse sur la gauche. Là, un tremplin naturel : tu fonces dessus et tu sautes dans les airs, wouhou ! Et bang ! Tu amortis le choc de ton atterrissage en fléchissant les jambes.
Ooooh ! Une moto en perte de contrôle vient de te couper la route. Tu freines et tu glisses dangereusement sur le gravier. Tu serres avec force le guidon pour redresser la moto. Tu as le cœur qui bat fort… Ouf, c’était moins une ! Tu t’arrêtes et tu cherches du regard la moto en perte de contrôle. Là, tu la vois finir sa chute dans une ravine, un trou produit par l’érosion.
Tu te précipites vers l’accident, tu descends prudemment la ravine. Oh non ! Le pilote est à terre, inconscient. Tu vois que ses vêtements sont déchirés de partout. Tu t’accroupis à côté du blessé, tu évalues la gravité de la situation. Tu aperçois de nombreuses écorchures sanguinolentes, superficielles au premier coup d’œil. Tu es un peu soulagé, aucune hémorragie apparente.
Tu soulèves délicatement un lambeau de tissu sur sa jambe, tu détournes la tête avec une grimace et un haut-le-cœur. Une tige de métal est plantée dans sa cuisse, la blessure est nette au moins. Tu regardes la moto à côté, elle fume dangereusement et dégage une grosse odeur de gaz. Tu juges que la situation est grave ! Tu lèves la tête, tu vois tes amis se rapprocher. Tu entends alors Jo le charismatique ordonner : « Allez, les gars, remettez-le sur ses pieds ! »
Tu te lèves et leur fais signe de s’arrêter. Pas le choix, il va falloir que tu fasses preuve de leadership, que tu prennes les choses en main. Tu dis : « Il est inconscient et gravement blessé, il est préférable qu’il bouge le moins possible ! » Tu montres du doigt la tige d’acier. Jo s’énerve et s’écrie alors avec de grands gestes : « Et comment veux-tu qu’on le sorte de cette ravine ? C’est IMPOSSIBLE de le remonter ! » affirme-t-il.
Tu inspires profondément, tu sais que tu dois rester calme. Tu dis : « C’est pourquoi il faut vite trouver une solution à ce problème ! » Tu te tournes vers le groupe et demandes : « Une idée ? » Au milieu du brouhaha, tu entends quelqu’un proposer de faire une civière. Tu le désignes du doigt : « Bonne idée ! » « Et tu vas la trouver dans les arbres peut-être, TA civière ? » râle Jo.
Tu sens que le groupe commence à s’agiter. Tu respires profondément, tu dois absolument maintenir le calme. Dans le chaos sonore, tu entends quelqu’un proposer : « Avec de grosses branches peut-être ? » Tu acquiesces de la tête : « Excellent, pouvez-vous aller en chercher ? » Deux amis se portent volontaires et partent vers la forêt. Tu te penches sur le blessé et prends son pouls.
Tu fais un signe de la tête à un camarade à côté : « Peux-tu t’assurer que son pouls reste stable ? » Il fait signe que oui et prend ta place. Tu te relèves et Jo déclare alors dans un rire nerveux : « Et tu as des clous peut-être pour fabriquer ta civière ? » Quelqu’un propose : « Avec des sangles ? » Tu t’approches de Jo et lui donnes une tape amicale dans le dos.
Tu lui dis : « Jo, tu es le plus doué d’entre nous en motocross, tu veux bien aller chercher les sangles de ta remorque ? » Tu sens Jo se figer de stupéfaction, bouche bée. Tu lui donnes une nouvelle tape amicale dans le dos pour l’encourager. Il reprend aussitôt ses esprits et, silencieusement, il te fait signe que oui et file en moto.
Tu te retournes vers le petit groupe restant : « Quelqu’un pour l’accompagner et partir sur la route appeler les secours ? » Un autre ami se propose et suit Jo. Tu te rapproches du blessé, il vient de se réveiller. Tu lui parles doucement, tu le rassures, puis tu retires ta veste et le couvres pour le garder au chaud. Aussitôt, un autre t’imite et dépose son blouson sur lui.
Tes amis reviennent enfin avec des branches. Tu aides à les disposer de façon parallèle. Quelques minutes plus tard, Jo revient avec des sangles et un couteau. Tu t’accroupis, prends le couteau tendu par Jo et tu coupes les sangles. Jo t’imite. Ensemble, vous fabriquez une civière de fortune.
Vous avez finalement remonté votre camarade blessé, ce fut difficile et épuisant. Les secours sont arrivés 40 minutes plus tard. Tu souris en pensant que vous êtes vraiment dans un trou perdu, parfait pour le hors-piste et l’adrénaline, mais difficile d’accès pour les secours !
Tu t’assois sur la remorque à côté de Jo. « Merci, te dit-il, tu as été un leader positif exemplaire, tu as su mener le groupe dans cette épreuve… Et désolé pour mes réactions inappropriées. » Tu souris et tu le pousses amicalement de l’épaule. Tu te questionnes : toi, un leader positif ? Humm...
Soudain, Jo te tape dans le dos : « Et maintenant, chef, qu’est-ce qu’on fait avec les motos ? IMPOSSIBLE de les attacher sans les sangles ! » dit-il en riant. Tu te lèves en souriant. Tu fais signe aux autres de vous rejoindre. « On va trouver une solution, vous êtes avec moi, les gars ? »