Tu souris. Depuis quelques jours, tu n’as qu’une idée en tête : devenir berger, t’occuper des moutons. Les emmener paître dans le champ, brouter de l’herbe pour se nourrir. Tu te gonfles la poitrine. Oui, tu souhaites avoir cette responsabilité, prendre soin des moutons, pour te sentir grand ! C’est décidé, tu en parles à Papa.
Tu cours vers la maison. Papa te répond : « Mais voyons, tu es bien trop jeune pour une si grande responsabilité. » Tu sens comme une douche glacée te tomber dessus. Tu es tellement déçu. Tu baisses la tête tellement tu es triste. Tu sens qu’on te traite comme un bébé. Tu redresses la tête d’un coup. « Je suis responsable ! Je suis capable de le faire ! »
Papa réfléchit. Tu le regardes en croisant les doigts, plein d’espoir. Papa finit par dire : « D’accord, je te fais confiance. Essaie-le ! » Ooooh, tu te sens tellement fier !!! Tu souris jusqu’aux oreilles !
Tu cours vers la bergerie. Tu cherches par terre un bâton. Ah, voilà ! Ce sera ton bâton de berger ! Tu marches avec le bâton dans les mains, la poitrine gonflée, fier. Tu ouvres le portail, la porte de la bergerie. Tu fais signe aux moutons de te suivre. Avec la main, tu pousses un peu les moutons plus lents. Mmmm, leur laine est douce et chaude. Ton chien de berger te suit. Tu lèves ton bâton dans les airs et cries : « Au champs ! »
Tu marches dans la montagne. Les moutons te suivent. Tu choisis un endroit où l’herbe est bien verte. Tu t’occupes bien d’eux toute la journée. Tu les caresses. Tu arraches de la bonne herbe pour leur donner. Tu les comptes souvent pour être sûr qu’ils sont tous là. Tu passes une belle journée au champ. Le soir, tu rentres avec le troupeau, avec un grand sourire. Tu es très fier de montrer à Papa que tout s’est bien passé. Papa te tapote l’épaule : « Bravo, mon fils ! » Tu relèves le menton, en signe de fierté.
Le lendemain matin, tu retournes au champ. Tu grimpes la montagne. Tu t’occupes des moutons. Tu pousses les plus lents, tu les comptes, encore et encore. Tous les jours, tu fais la même routine, la même chose. Tu commences à trouver ça ennuyeux. Tu t’allonges sur un gros rocher, une herbe longue dans la bouche. Il fait chaud. Tu soupires.
Tout à coup, un de tes amis arrive dans le champ. Tu te redresses rapidement. « Chouette, de la visite ! » Il te propose d’aller se baigner à la rivière. Hiii, c’est excitant ! Il fait tellement chaud. Tu regardes ton troupeau et tu dis : « Impossible… Je suis responsable des moutons. » Il insiste : « Allez, pas longtemps ! » Tu hésites quelques secondes. Que peut-il leur arriver, à ces moutons ? Ils ne font que paître, brouter l’herbe du matin au soir. Tu appelles ton chien et tu le caresses. « Tu vas les surveiller pour moi, hein ? Je te fais confiance, personne ne va le savoir ! »
Tu pars en riant avec ton ami. Tu abandonnes ton troupeau. Tu joues à la rivière avec ton ami… Vous vous amusez comme des fous. Tout à coup, tu entends un cri de détresse ! « Les moutons ! » Vite, tu cours vers le champ, inquiet. Tu entends encore le bêlement de détresse. Le chien t’indique le chemin. Tu t’approches du ravin, là où la montagne tombe à pic… Catastrophe ! Un agneau, un bébé mouton, est tombé dans le ravin ! Il a une patte cassée. Oh non ! Tu as le cœur qui se met à battre très fort. Tu te sens TRÈS mal. Tu ressens de la honte. Tu regrettes d’avoir abandonné les moutons. Tu es aussi fâché contre toi. Tu sens une grosse boule dans le ventre. La honte, c’est tellement désagréable. Tu voudrais te faire tout petit, minuscule, presque disparaître.
Vite, tu rentres au village pour avertir papa. Tu cours, tu es essoufflé. Il est là, tu t’approches. Tu lui racontes l’accident, la tête baissée. Papa dit : « Tu dois assumer tes responsabilités. Tu dois trouver une solution pour réparer ton erreur. » Tu réfléchis, la tête dans les mains. Tu dois trouver une solution, et vite. L’agneau est blessé, il faut le sauver !
Vite, tu attrapes une corde et un sac. Et tu retournes en courant près du ravin. Tu attaches la corde autour d’un arbre et l’autre bout autour de ton ventre. Tu descends dans le ravin vers l’agneau blessé. C’est épuisant... et dangereux. Tu vois le vide sous les pieds. Les mains frottent sur la corde, ça te fait mal, mais tu veux absolument réussir à sauver l’agneau. Enfin, tu arrives sur le rocher où l’agneau est tombé. Tu le caresses et lui parles doucement, pour le rassurer. Tu enveloppes le petit agneau dans le sac, délicatement. Tu te mets le sac sur le dos et tu l’attaches bien solidement. Tu commences maintenant à remonter, les muscles tendus, une main devant l’autre sur la corde... Oh hisse ! Aaaah, ton sac est lourd, tu as mal aux bras, oh hisse... Tu veux réussir ! hiiiiii ! Ça y est, tu arrives en haut ! Tu reprends ton souffle rapidement, puis tu ramènes l’agneau à la maison. Tu prends bien soin de sa patte. Tu construis une atèle, un morceau de bois pour maintenir sa patte droite, pour qu’elle guérisse plus vite.
Chaque jour, tu t’occupes de l’agneau. Tu lui donnes de l’eau et à manger. Tu le caresses. Tu te sens responsable de son accident, mais tu répares ton erreur. Tu frappes du poing par terre : À partir de maintenant, tu vas toujours rester avec tes moutons ! Le métier de berger est une grande responsabilité.